COMMUNIQUE INTERPELLATIF
La
corruption est l’ennemie du développement
06 Février 2016
Les organisations de la société
civile (OSCs) signataires du présent communiqué rappellent que le rôle de la
société civile, l’un des piliers de la nation, est de défendre les intérêts de
la population, en visant l’amélioration de ses conditions de vie. Cela implique
qu’elles ne peuvent demeurer dans le silence face aux divers problèmes auxquels
la population fait face, et doivent s’exprimer dans un esprit non
partisan. Cela ne peut être ni récupéré ni désapprouvé par la société
politique, qui a pour mission spécifique de conquérir et/ou d’exercer le
pouvoir, moyennant des résultats tangibles en termes de bien-être de la population.
Aujourd’hui, cette dernière demeure et s’enfonce toujours dans le désarroi
matériel et social face au pouvoir actuel pour qui « tout va
bien ».
Alors que la réalité est toute
autre :
- La famine qui sévit actuellement dans le Sud est un fait
dramatique mais pas nouveau. Il est inconcevable que les autorités
n’aient pas prévu cette situation qui touche en ce moment quelques 200.000
citoyens (chiffre donné par la BNGRC dans la presse), et n’aient pas pris avec
les acteurs idoines les stratégies et mesures préventives et d’atténuation bien
avant, pour que nos concitoyens ne sombrent pas encore une fois dans cette
insécurité alimentaire. Les autorités semblent toujours préférer créer
des stratégies d’urgence qui pourtant n’arrivent même pas à assurer les besoins
basiques des populations concernées (recrudescence des maladies liées à la
famine et déscolarisation massive des élèves). Gérer consiste aussi à prévoir
en toutes situations. Ce qui fait terriblement défaut aux dirigeants actuels sur
toutes les matières.
- Le pays est affaibli et gangrené par la corruption – grande
et petite – qui paralyse la situation économique et le quotidien du
citoyen et hypothèque toutes initiatives et perspectives de développement
individuelles et collectives. Quatre domaines sont particulièrement
viciés par la corruption :
o Dans
le domaine des ressources naturelles, le trafic de bois de rose ne cesse
d’occuper l’actualité et notamment depuis la transition. Le trafic, bien
organisé est unanimement constaté et dénoncé. L’Etat actuel s’est précipité
d’engager des procédures pour liquider les bois saisis (une partie
seulement des bois effectivement coupés) et de faire adopter une nouvelle loi
sanctionnant le trafic sans aucune initiative visible pour la sécurisation des
stocks, l’arrêt des exportations illicites et l’application stricte des lois
déjà en vigueur. Ainsi, à cause d’une justice certainement corrompue, mais
aussi sous pressions et le manque de collaboration avec les forestiers et la
société civile œuvrant dans le secteur, les trafiquants poursuivis bénéficient
d’une liberté provisoire injustifiable et incompréhensible leur permettant de
prendre la fuite à l’étranger. L’impunité à l’avantage des trafiquants ou des
hors-la loi sur la faune malagasy (Tortues, concombre de mer, flamant rose,
etc.) est aussi à déplorer. Nous pouvons nous demander si cela n’arrange
pas les dirigeants et hautes personnalités, dans le cas où ils sont
eux-mêmes impliqués dans ces honteuses magouilles.
o Dans
le domaine de la sécurité, après de vaines tentatives pour atteindre les
autorités depuis des mois , de nombreuses organisations de la société civile
ont dénoncé début Novembre 2015 les cas de corruption et de rackets perpétrés
sur la population dans certaines régions du SUD, qui engendrent une
violation avérée des droits humains pour intimidations, blessures, voire
morts de civils : les auteurs en sont certains officiers et gendarmes .
Nous devons reconnaître l’approche constructive que le Secrétariat d’Etat à la
Gendarmerie a opérée ensuite en favorisant un dialogue avec la société civile.
Il a pour objectif majeur de mettre en place un partenariat permettant de
préserver la vie locale des citoyens et de restaurer l’image des forces de
sécurité. Un rapprochement est aussi enclenché entre la société civile et le
Ministère de la Défense.
o Dans
le domaine du foncier, malgré que la politique foncière ait déjà évolué dans le
sens de la reconnaissance des droits traditionnels et de la décentralisation,
depuis 2005, des défis opérationnels majeurs restent à surmonter. Les cas
flagrants d’entraves aux droits de propriétés sont visibles un peu partout dans
le pays : rétrocession de terrain au nom de l’Etat, spoliation et
accaparement par des corrupteurs en haut lieu ou des soi-disant grands
investisseurs au détriment des gens ayant des titres ou des occupants
propriétaires sans titre ni certificat foncier mais ayant déjà mis les
terrains en valeur depuis longtemps. Face à ces accaparements injustes des
terres et la croissance démographique exponentielle dans le pays,
l’Administration étatique malagasy doit définir l’aménagement de l’ensemble du
territoire malagasy pour caractériser chaque espace (zone d’investissement
agricole, zone d’habitation, zone économique spécifique, aires protégées,
etc.).
o Enfin,
les élections constituent aussi un foyer de corruption et d’illégalités à
travers l’achat de voix direct ou indirect et les abus d’autorité, en plus de
la distribution classique de produits durant la campagne électorale. Ces
pratiques sont renforcées par l’utilisation de financements douteux
(blanchiment) et par l'indépendance fictive de la CENI (création
précipitée et controversée et absence de ligne budgétaire pour la CENI dans la
loi des finances). Les impacts de cette corruption sont l’entrave à la
liberté de l'électeur à exprimer son choix le plus sincèrement possible
et la fin du vote responsable. L’élection devient un moyen biaisé utilisé
par des personnes indésirables ou de mauvaises réputations pour accéder au
pouvoir à travers la corruption.
Force est de remarquer :
- l’attitude défensive constante des tenants du pouvoir,
critiquant négativement les acteurs voulant les accompagner pour
assainir une bonne fois pour toute la corruption et la mauvaise gouvernance du
pays,
- l’inertie des gouvernants dont la rhétorique est teintée soit
d’autosatisfaction voire de déni affirmant qu’il y a des
réalisations, soit d’intentions et de promesses sempiternelles non
suivies d’action.
Il est temps que chacun prenne ses
responsabilités au lieu de toujours chercher un bouc émissaire et de rejeter
les conséquences de son incapacité sur les autres. Le peuple Malagasy mérite ce
qu’il y a de mieux et les dirigeants doivent déployer tous les efforts
possibles pour lui assurer ce mieux-être. La stabilité politique est
aujourd’hui un devoir et non plus un luxe. Ce n’est pas seulement s’assurer
d’avoir la majorité que l’on sait changeante dans les différentes
institutions ; c’est surtout être à l’écoute constante de la
population et de la société civile et oser prendre des décisions courageuses en
commençant par l’assainissement de l’entourage encombrant du Président, l’arrêt
des désignations et/ou des limogeages non fondés aux hauts emplois de l’Etat et
les ingérences en haut lieu dans les affaires de justice et des
départements sectoriels.
Trêve de palabres, trêve de
querelles politiques, tout le monde doit dompter sa vénalité et ses intérêts
personnels pour se consacrer à l’intérêt général. Notre image ne pourra qu’en
sortir embellie. Soyons donc intelligents.
Les plateformes et organisations
actives dans le mouvement ROHY signataires :
1. PlateForme
Nationale des Organisations de la Société Civile de Madagascar (PFNOSCM)
2. Alliance Voahary Gasy (AVG)
3.
Sehatra
Iombonan’ny Fananan-tany (SIF)
4. Confédération
Nationale des Plateformes des Droits de l’Homme (CNPFDH)
5. Komity
Manara-maso ny Fifidianana/Comité National des Observations des Elections
(KMF/CNOE)
6.
Tambazotran'ny
Fokonolona Miaro ny Harena Voajanahary (TAFO MIHAAVO)
7. Olom-Pirenena Tompon’Andraikitra (OPTA)
8.
Sampan’Asa
Fampandrosoana/FJKM (SAF/FJKM)
9. Arongam-panihy
Communication Conservation Environnement (ACCE)
10. ONG SAHA
11. ONG Fiantso
12. Association des Ingénieurs Forestiers de Madagascar (AIFM)
13. MSIS-Travail et Assistance Technique pour les Alliances et
Organisations (MSIS-tatao)
14. Collectif des Citoyens et des Organisations Citoyennes (CCOC
Madagascar)
15. Association pour la gestion et la valorisation des Ressources
naturelles (AGEVAREN Développement)
16.
Forum for
African Women Educationalists - Forum des Educatrices Africaines - Antenne Madagascar
(FAWE)
17. Liberty 32
18. Groupement d’Etudes et de Recherche sur les Primates (GERP)
19. Réseau SOA
20. Groupement National des Exploitants Forestiers de Madagascar
(GNEFM)
21. ILONTSERA
22. Conseil des Anciens Etudiants de l'Université de Madagascar
(CAEUM)
23. ONG Réseau pour l'Eradication de la Violence (ONG REV Analamanga)
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